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mardi 9 novembre 2010

Trahi par l'automne ? Chap. I

Pour sa douceur, j'aimais l'automne comme un ami;
Après tant de bonheur, il est à présent froid.
Souvent venteux, pluvieux, neigeux et ennuyeux ...
Mon coeur est désireux de fuir vers d'autres cieux.
Pluie ou larmes sur les joues, ma nymphe est en émoi,
Trahison, abandon, profonds sermons de vie ...


Mélancolique, triste de ce brusque départ avant l'heure, j'admire sans lassitude le lac aux gris reflets sans cesse changeant, sur la grève, là où se rendait, bien avant moi, la belle poétesse et comtesse Anna-Élisabeth de Noailles, née princesse Bibesco Bassaraba de Brancovan, si attachée au lac Léman .



Ce lac,  pour lequel  je partage le même attachement que pour mon modeste jardin encore en gestation, en cours de création, aux massifs toujours rebelles pour lesquels il me faut poursuivre l'éducation et arracher l'ivraie, inspirera toujours mes rêves, enchantera toujours mes yeux, sera  l'amer de mes voyages intérieurs  ...

Quel est ce lien m'unissant à lui ?  Je ne sais ...  Serait-ce la beauté de ses reflets, l'espace de liberté qu'il représente ?  

" Mon esprit est au Léman, aux fougères, comme mon coeur est à ma famille et mon âme à Dieu " ...  Peut-être ai-je enfin imaginé l'épitaphe me décrivant, ou simplement ma devise, depuis le monument votif de la romancière face au lac !

La rive opposée est invisible en cet fin d' après-midi, cachée par les nuages, donnant l'illusion de se tenir face à la mer ...

Le ciel, traversé de gris cumulus congestus s'attardant au dessus des montagnes qu' ils grandissent , leurs écharpes flottantes de laines claires imitant la neige, semble être, à son tour,  un miroir, prolongeant ainsi le lac.  Les nuages, prenant les teintes de la roche et de la neige deviennent montagnes ! L'illusion est complète mais ne dure malheureusement que le temps de l'écriture de cette phrase, sans que je puisse saisir ce tableau sur la pellicule de mon appareil photographique.

Le ciel est lac, le lac devient ciel, revanche et vengeance ...

Le ciel s'assombrit, je regagne alors mon jardin par les nants escarpés. Quel plaisir vais-je encore trouver à ses côtés ? J'ai tenté de toutes mes forces de retenir l'automne,  je me suis accroché à la beauté de ses feuilles, à la fugacité de ses spectacles ...

En vain car il part ...  Il me faut , de même, à présent, laisser lentement partir mon jardin , le laisser glisser dans un engourdissement précédant le repos hivernal.  Je serai le gardien de son sommeil,  je ne le visiterai plus que pour m'enquérir de sa tranquillité, de la nourriture des écureuils, passereaux et chevreuils quand la neige descendra bas, très bas ; hélas ces derniers se font rare tant la ville étend son ombre, son emprise et ses dangers ...

L'automne, parti depuis le jardin sur une simple coque de noix, une jolie feuille pour voile, poussé par Borée et Zéphir , chevauchant les nuages vers les terres australes, reviendra de ce long voyage autour du monde me rendre visite ...  J'en ai la certitude ...

                                              
A suivre ...

10 commentaires:

  1. Le repos du jardin dans le gris et le froid est un passage obligé. Le jardinier ronge son frein derrière les vitres mais il sait que le temps viendra où la douceur fera éclore à nouveau les couleurs et les fleurs... Patience...

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  2. Oh, Adiante, mais tu nous fais un petit coup de spleen, là! ;o)) Rien que de très normal, et une belle journée ensoleillée, même hivernale, viendra bientôt te rendre le sourire et l'envie de gratter! Tiens, prends plutôt la bêche et va-t-en préparer une belle plate-bande nouvelle dans un coin du jardin! D'abord, ça réchauffe (crois-moi!), et puis, une fois la terre belle et bonne et bien émiettée, tu auras tout l'hiver pour rêver et imaginer tes futures plantations printanières!!!
    Merci quand même pour ce joli billet romantique!

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  3. Bonjour Adiante.N'essaye pas de retenir l'automne. laisse le s'en aller et laisse passer l'hiver pour pouvoir à nouveau profiter du printemps pour saisir la beauté de tes nouvelles plantations et respirer dans ton espace de liberté. je te comprends.....
    Belle journée jocelyne

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  4. Beaucoup de mélancolie dans ton billet, mais que de poésie pour parler du Léman, autant que quand tu nous enchantes avec ton si beau jardin. Laisse-le dormir un peu, il n'en sera que plus actif au printemps prochain.

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  5. Merci les ami(e)s pour vos beaux commentaires qui me touchent toujours ...

    Je voulais vous rassurer, ceci est un simple spleen automnale littéraire !

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  6. Très beau billet, après ces journées glorieuses de l'été indien ! Oui, le jardin se repose - mais nous aussi ! Encore quelques rangements avant la neige et place aux rêves ... Nouveaux aménagements, nouvelles associations : c'est à la saison morte que les envies de couleur nous apportent le besoin de créer ! Nous serons tous en forme au printemps, jardins et jardiniers !

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  7. Quel verbe!
    C'est beau tout cette générosité de mots...
    Ici aussi je dois laisser mon jardin s'endormir dans le gris de l'automne...pfffff c'est tout mouillé, beurk!

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  8. Ce n'est plus tout à fait l'automne, il tourne tout doucement à l'hiver... ne surtout pas le retenir mais se laisser emporter par la danse des saisons... j'en profite pour regarder de ton jardin les premières neiges tomber sur le Léman et savourer tes mots...

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  9. Très poétique et magnifique ! J'aime beaucoup l'escalier des 4 saisons et le land-art de feuilles mortes (la corvée devient plaisir). Merci pour le lien et je m'empresse d'en faire autant. A bientôt.

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  10. On a l'impresssion que le jardin nous abandonne.. Je ressens comme toi un sentiment de vide..A travers ma baie vitrée, je scrute ses contours, j'observe ses transformations et je ne peux rien faire pour lutter contre cette nature qui va s'endormir!!!
    Il nous reste la promesse des beaux jours..
    Avant cela, prenons le repos et le temps necessaire pour se ressourcer..
    Quelquefois, le passage au rythme d'hiver oblige à une certaine reflexion, à une introspection.. Pendant la belle saison, on est dans l'activité, les projets, la création.. La passion du jardin nous envahit: je dois t'avouer qu'elle me dévore totalement. Alors, finalement, prendre du recul, c'est pas si mal..
    bon week end
    sophie

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Bavardage ou rêve, assis sur le vieux banc du jardin ...

Je réponds aux commentaires le plus souvent sur le blog même de l'intéressé(e) ... Sachez que j'apprécie chaque bavardage, chaque conseil.

Hélas le temps ne me permet pas toujours d'apporter une réponse, Veuillez m'en pardonner !