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dimanche 28 novembre 2010

Reine des Neiges et pommes d'amour ...

Mingingi nous conta l'histoire de la Petite Pomme qui voulut voir la Reine des Neiges au péril de sa vie ... Elle ne croyait pas l'expérience de ses aînées, mal lui en prit ! La Reine vint dans un tourbillon de neige duveteux, merveilleux mais douceureux car sa beauté allait être fatale sans l'entremise de Dame Tartine ...
Ne fréquentant au jardin que des nymphes, je me désolais parfois en confidence auprès de Gine, une dame d'une grande sagesse , l'une des marraines de ce blog, rappelez-vous, de ne pas avoir encore vu cette Reine évoquée par de nombreuses personnes ...

Sans doute Sa Majesté apprit-elle ce désir depuis sa contrée septentrionale car elle vint s'inviter au banquet offert au jardin. Comment le sut-elle ? Je ne sais, sans doute une rumeur nommée
" buzz ", peut-être le blizzard, ce messager précédant sa venue lui aurait-il rapporté le délicieux parfum des macarons ... 

Ainsi la neige tomba toute la journée, mais au travers d'une accalmie, je pus observer la beauté de cette femme, vêtue d'un manteau de neige pareil à fourrure d'hermine, ornée d'un diadème d'argent scintillant, de perles et de diamants ...



Quant à notre Petite Pomme, transformée par Dame Tartine en pomme d'amour, j'aurai bien voulu savoir pour qui elle était destinée !

J'avais chargé un elfe de surveiller la cuisine mais le coquin, gourmand,  la déroba et l'apporta au jardin. Dame Tartine s'affolait, criait par tous les saints de la forêt, du verger, de la prairie ...

De retour du jardin, après avoir rencontré la Reine des Neiges, je découvris une pomme dans la neige.
- "Curieux ! Ah  le chenapan, le gredin !" dis-je comprenant ce qui c'était passé ...




Cherchant le coupable, je découvris d'autres pommes d'amour, devant la fougère Osmonde, la Reine des Fougères - serait-ce un hasard ? - ainsi qu'aux pieds des fougères aigles, fougères des clairières et des bois par excellence.


Pomme d'amour et osmonde ...


Pomme d'amour aux reflets de fougère aigle


L'elfe, soucieux de réparer sa faute, avait préparé de délicieuses pommes d'amour et le caramel aux reflets rouges comme les joues de Dame Tartine, s'accordait à merveille avec les tons brûlés de ces fougères ...

Sitôt les invitations adressées à Mesdames Tartine et Mingingi par pigeons voyageurs, celles-ci vinrent les déguster ... Au cours de notre goûter, je tentais de percer le secret de Dame Tartine, en vain, nous ne saurons pas, je pense, qui était ou sera le destinataire de la belle Petite Pomme d'Amour ...

vendredi 26 novembre 2010

Sucre neige, hydrangea et macarons ...

Le bel automne, partagé entre chaleur et froideur, abondance et rigueur , a délicatement saupoudré de sucre glace le jardin à son réveil ...

Les premières neiges, recouvrant plus d'un beau jardin, sont photographiées avec tant de majesté par de nombreux bloggers, qu'il est difficile, à présent, d'apporter une modeste contribution, mais ...

Je rédige cet article, fasciné par le spectacle offert par les inflorescences des hydrangea,  encore magnifiques en cette fin de saison, alliant les tons de fraise, framboise, rose balais, rose Mountbatten, bourgogne, carmin, grenat, pourpre, rouge de Falun, formant un subtil tableau comme la Nature en a le secret, éblouissant mon admiration, invitant mon regard à percevoir chaque nuance, ouvrant le jardin aux rêves  ...

Les hydrangea saupoudrés de sucre neige, de sucre glace ... ressemblaient à de jolis macarons géants ... délicatement posés sur une nappe de dentelle aussi blanche que neige ... transformant le jardin, le temps d'un regard, en apparat de banquet nuptial ...

Non loin de là, mon rêve devenait réalité ...



Je n'avais jamais vu aussi beau drageoir, plus somptueux présentoir que celui de la Nature ...


Subtile harmonie des coloris
 

Délice de couleurs et de saveurs




mercredi 24 novembre 2010

Une fontaine, quatre saisons, une vie ...

Cette poésie écrite en 2008 illustre les bois que j'aime aussi  noisetiers et fougères au jardin sont une évocation de ces endroits, le temps d'un regard, le temps infini d'une rime ...
Alors que le jardin tend à disparaître en cette fin d'automne, ne reste plus que le simple spectacle des branches semblant toutefois se fondre, de loin, aux couleurs de la terre, malgré quelques persistants, quelques précoces hellébores en floraison ...
Restent alors les souvenirs, les beaux jardins des amis, les photographies, les poésies comme celle-ci ... 


La fontaine


Sur le banc de l'école, lassé des litanies,
Je suivais les oiseaux, rêvant de mon vallon,
Présent à l'appel de la nature, le jeudi
Était le rendez vous des nymphes chaque saison.

Là où le bois joint le ciel se trouve une fontaine,
Mystérieuse sous l'épais couvert des coudriers,
Au fond de laquelle se reflètent un vieux chêne,
La chaîne d'or d'un prince, dit-on et son épée.

Las de tant de courses, j'admirais le soleil
Finissant la sienne, éclairant le fronton,
Fondant la crinière de ce lion sans pareil,
Cette tête en fonte ressemblait alors à Triton.

Capillaires si légères, belles fougères doradilles,
Comme autant de gracieux cheveux et de sourcils!
La pierre est aussi douce que la peau de ma mie,
La mousse tarit le bruit, l'amour en fait son lit...

Souvenir de moiteur, de parfums capiteux,
Quand narcisses des poètes et jacinthes fleurissaient ...
L'été, le flot, impétueux ou langoureux,
Confiait ses secrets à qui savaient les garder.

L'automne, les jours de brume, tout devenait magique,
Mais les feuilles, voile de volupté, se détachaient.
Sous le givre, la fontaine devenait gothique,
Telle une boule de cristal, l'avenir je lisais.

Appuyé sur son sein, naissait l'inspiration,
Les dieux m'enseignaient lettres, arts et géométrie.
Aux maîtres, j'ai toujours tu cette éducation,
Prés de toi, j'ai puisé trésors, forces de la vie.

Adiante

dimanche 21 novembre 2010

La naissance d'un dragon ?

Incroyable ce qui est arrivé à l'aube, peu avant le lever du soleil ! Un battement d'aile heurta le volet de notre chambre à coucher me réveillant. Je pensais qu'il s'agissait d'une chauve souris, souvenez-vous je vous avais parlé d'une chauve-souris dormant la journée derrière un volet, et bien la colonie grandit, nous en avons découvert une deuxième. Surprises par le froid soudain, elles n'ont pas eu le temps de chercher meilleur refuge et sont en léthargie, ne sortant même plus le soir, nous condamnant à ne pouvoir fermer ces volets ... Mais non le bruit était plus sourd, une chouette, un hibou sûrement ... Je me leva et n'aurais jamais pu imaginer ce que vis, juré, de mes yeux, vu...  J'ai aperçu, tenez vous bien, l'ombre d'une aile, longue comme celle d'un deltaplane franchissant juste le toit de la maison au moment où je l'apercevais.

Après un temps d'incertitude, me demandant si je ne rêvais pas, je suis vite sorti cherchant du regard cette surprenante chose que je venais de voir sans savoir encore ce que c'était !

 Mon regard fut attiré par une lueur au fond du jardin : horreur ! un feu ! J'ai couru en cette direction et là, comme une douce crèche, je découvre, délicatement posé sur un nid douillet de mousse, un oeuf !

Et là, je n'ai pas hurlé, non, je me suis assis, abasourdis, comprenant enfin ce que j'avais entre aperçu : un dragon, probablement une femelle, était venu pondre un oeuf ou surveiller sa couvée - les dragons étant ovipares comme les reptiles - et avait craché une flamme, à l'origine de ce feu !




Cette ponte est inhabituelle en cette saison mais Digitale http://mangedesfleurs.skynetblogs.be/ nous parle justement de naissance surprise chez les poules, ce phénomène étant identique, me semble t-il, chez leurs arrières-arrières-arrières-arrières-arrières-arrières-arrières-arrières petite (plutôt grande) cousines, les dragonnes.

Comment cela a-t-il pu se produire chez moi ? Je l'ignore, ne voulant pas percer un tel mystère risquant de m'emmener et vous avec, cher amis lecteur, je ne sais trop où.

Néanmoins j'ai une petite idée : les parents dragons m'ont vu chez mon amie Mingingi http://chroniquesdelaprairie.blogspot.com/ et m'ont suivi ...

Parfaitement réveillé, je le précise, j'inspecte les alentours et, oh miracle de la vie ! j'assiste à la naissance d'un bébé dragon, au long cou, nu comme un ver ...  Les écailles pousseraient après, je vais informer le British Museum de cette découverte !



 
J'étais ému, comme lors de la naissance de mes enfants...  J'étais ailleurs, ne pensant pas encore aux problèmes: que va devenir ce petit, que va t-il mangé, ses parents vont-ils revenir et je ne pouvais pas téléphoner à Mingingi ou à Mésuline !

Nous l'avons adopté, non par intérêt d'économie énergétique , il pourrait en effet se substituer à la chaudière, non; car mes enfants ont fondu en larme devant cette petite créature encore fluette ! " Papa, on le garde, n'est-ce pas ? "
J'admire la spontanéité des enfants qui n'ont pas posé de question, pour eux, c'était l'évidence même ; alors que je vous vois, chers lecteurs, hochait la tête à la lecture de ce témoignage.
 
Mais bon, j'espère bien que ses parents viendront le chercher cette nuit ...
 
Comme vous l'avez remarqué, les cyclamens hederifolium fleurissent en cette fin d'automne, ayant pris le relais des cyclamens purpurascens ou cyclamens des bois.
 
    
cyclamen purpurascens

 
Feuille de cyclamen purpurascens en forme de coeur

cyclamen hederifolium

Les jolies feuilles naissent après les fleurs


D'autres cyclamen, au jardin, prendront le relais : pseudibericum (feuillage ci-dessous à gauche) et coum (droite) fleurissant de décembre à mars.

J'aime leurs feuilles marbrées de gris et les ai associé à un rubus thibetanus Silver Fern. Les tiges de cette ronce du Tibet sont poudrées de farine et les feuilles ressemblent aux pinnules des fougères. Une beauté que j'apprécierai pleinement dans quelques années !





Je vais faire la sieste, car la nuit risque d'être encore périlleuse !

mercredi 17 novembre 2010

Les hauts bois de Sylvida, conte fantasmagorique ...

Je suis allé en forêt avec le cadet de mes enfants ramasser de belles écorces pour agrémenter quelques fougères au jardin ... C'est alors que tout a commencé ...


Il était une fois un jeune enfant se promenant en forêt.  Plus qu'une simple marche, il voulait découvrir le coeur de la forêt ... Serait-ce une clairière, la plus haute futaie, le plus vieil arbre, le plus bel endroit ?
Mais comment trouver cet endroit ? L'enfant avait préparé cette expédition en interrogeant ses aïeux mais personne ne connaissait cet emplacement, tous étonnés par cette question.
- " Pouqué don min infant joues tu point à la marelle, té vas te perdre dans ces hauts bois ... "
- " Mais non, Mère Grand, vous ne comprenez pas ... " répondit gentiment l'enfant.
- " Et qué don ?  "

L'enfant n'entendit pas cette question. Il avait déjà filé chez le luthier demander à son fils de bien vouloir lui prêter un hautbois.
- " Un hautbois ? Tu ne joues plus de piano ? " demanda-t-il en tendant l'instrument.
- " Si, si, mais je t'expliquerai demain,  je vais jouer des gammes en forêt ... "
Était-ce un mensonge ? Non, une intuition dirigeait ses pas ...

Il se rendit ensuite chez le vieux bûcheron du village, un homme à l'apparence rustre, maugréant sans cesse, haut comme une armoire, que dis-je, deux armoires ! Notre enfant surmonta vraiment sa peur car cet homme était craint, tant il faisait peur. Il était surnommé, attention promettez-moi de ne pas lui répéter, c'était L'Ogre, voilà. Toujours dans les bois, solitaire, dormant plusieurs mois dans sa cabane ... Ne fréquentant pas les vogues du village, il était resté célibataire ... Une jeune fille aurait-elle voulu au moins danser avec lui ?
Par chance, le bûcheron était de retour,  la neige commençant à blanchir les sapinières après avoir recouvert les alpages. Toc,toc, toc ...  La lourde porte de chêne s'ouvrit avec un grincement effroyable  mais d'une force comme si un ouragan s'engouffrait dans la masure ! Surpris de voir un enfant qui semblait haut comme trois pommes, il s'abaissa et demanda la raison de ce dérangement.
- " Oh, Monsieur, quelle chance avez- vous de vivre en forêt, c'est fantastique la beauté de l'automne et puis vous devez parler avec les animaux, vous connaissez le nom de tous les arbres, celui de chaque champignon par coeur ? "
Ce flot de parole abasourdit notre homme qui en fait avait tendre coeur. Comment en effet, pourrait-on vivre au contact de la nature, l'aimer, sans être attentif à son prochain ? 
- " Oui, Petit, la forêt est ma vie."
- " Connaissez vous le coeur de la  forêt ? "
- " Le coeur de la forêt ? Que veux tu dire ? "
- " Oui, j'aimerai voir le coeur de la forêt, j'ai visité un jours une grotte, mon grand-père m'avait dit que c'était le coeur de la montagne ... "
Le bûcheron réfléchit avant de répondre, soucieux de ne pas décevoir la sincérité de cet enfant, comment lui dire que la forêt est immense, plusieurs semaines de marches étant nécessaire pour atteindre la toundra ... 
- " Que tiens-tu dans cet étui, Petit ? Un hautbois ! Mais c'est extraordinaire ... Il te guidera, tu joueras et les notes te conduiront au travers des arbres. Le coeur est dans les hauts bois, tu le  découvriras, j'en suis certain."
- " Comment vais-je le reconnaître ? "
- " Tu auras une conviction dans ton coeur, ce sera l'endroit qui te parlera. Tu en auras la certitude."
- " Oh, merci, Monsieur!"
L'enfant s'en alla.
- " Attends Petit, mets cela quand même dans ton sac, tu me rendras la boussole et me raconteras ton voyage dès ton retour ! "
Le bûcheron, regarda s'éloigner l'enfant sur le chemin de la forêt, le coeur ému, submergé par les souvenirs de son enfance, quant il avait voulu découvrir en forêt, l'endroit où naissaient les faons ...


Poursuivant sa route, notre enfant rencontra une dame vêtue de noir, le visage émacié sous un fichu de laine usé et rapiécé, une branche d'arbre pour canne.
- " Où vas tu seul ? Dans le bois ? Ne connais-tu pas les sylphides ? Elles vont te tuer, j'en ai vu une, terrible ... "
- " Les quoi, les sylphides ? "
- " Oui, les arbres ont une âme, une conscience ... Cette conscience est appelée sylphide.
La sylphide est un esprit qui vis à l'intérieur de l'arbre, elle sort parfois sous l'apparence d'un elfe car sinon elle est très laide; on dit même que les arbres maléfiques comme le houx ont des sylphides si agressives qu'elles peuvent tuer un homme avec leurs griffes, alors un enfant, vite rentre chez toi ! "
- " Non, non, euh, j'ai rendez vous, j'ai une boussole, un plan, pas de problème ... Rentrez vite chez vous Madame, vous semblez avoir une fièvre ... "
- " Ah oui, à mon âge, je suis fatiguée d'avoir couru les bois; tiens, je vois que tu aimes la forêt, je te donne ça, c'est pour toi. "
Elle sorti une vieille bourse de sa besace, l'ouvrit. Un corbeau s'envola, mais l'enfant ne pu avoir la certitude qu'il partit de ce sac.
- " Étrange ." se dit-il alors que la dame lui tendait une médaille en or.
- " Oh merci, Madame, comme elle est belle, comme elle brille, c'est vrai qu'elle est pour moi ? "
Elle regarda les yeux de l'enfant briller de joie tandis que les siens pleuraient, se rappelant, il y a bien longtemps, quand un inconnu lui avait offert cette médaille, alors qu'elle voulait découvrir la clairière où les animaux élisaient leur roi après avoir lu que le cerf, par ses hauts bois, était le roi de la forêt ...


Rangeant la médaille, l'enfant sortit son hautbois et se mit à jouer. Ses doigts se plaçaient instinctivement comme si il avait joué  toute sa tendre enfance. Enchanté, il prenait plaisir à jouer, ce n'était que trilles légères ...
Il arrêtait, écoutant le chant des oiseaux lui répondre, reprenait de plus belle sans s'apercevoir que la voie devenait venelle, le chemin cheminée, le sentier sente, le passage ponceau ... Pour quelle raison dites-moi ? Envoûté par la musique, comment aurait-il vu que les branches s'écartaient devenant portées musicales, les épines se faisaient velours, à mesure qu'il suivait les notes au travers des arbres !


Pris dans sa rêverie, emporté par la musique, soudainement il crut voir l'ocelle de la plume d'un paon , puis les yeux d'un hibou !


Notre enfant était émerveillé par cette coïncidence, cette bûche prenant forme, prenant vie. ..


Après avoir regardé autour de lui si le fameux coeur de la forêt était enfin visible, il baissa de nouveau les yeux vers cette bûche ... Stupeur, que voit-il, le visage de la dame en noir !

Sylvida

Elle portait une somptueuse parure d'or, son unique chicot brillait comme une perle, enchâssée par un rouge à lèvres quelque peu sanglant ...

- " Me voilà à présent atteint de fièvre à mon tour ... " pensa t-il.

Il repris sa quête, siffla de plus belle pour vaincre sa peur. La forêt devenait enchanteresse, mystérieuse, étrange, inquiétante car dans la pénombre d'une sombre sommière il découvrit des squelettes de dinosaures, longs, très longs, aux os usés, rongés par les loups, tourmentés par l'attente  de cette rencontre depuis des millions de millénaires.


squelettes de dinosaure des bois

Les pas de l'enfant se faisaient lent alors que les idées courraient dans sa tête. Quel étrange endroit, serait-ce le coeur de la forêt, son berceau existant depuis la préhistoire ?

S'agenouillant sur la mousse pour caresser ces dinausores, toucher le bois fossilisé éparpillé, humer l'humus, il remarqua alors une foule nombreuse l'entourant, des animaux aux pieds, aux jambes immenses ! Il eu peur, mais non, ce n'était que les troncs d'arbres ...

Il se décida, simplement pour ce changer les idées, à regarder attentivement la médaille. La  tenant à hauteur de son visage, il vit face à lui, une main ouverte, une main protégeant un coeur que le reflet de la médaille lui avait fait découvrir ...


Main crochue présentant le coeur de la forêt
(simple feuille de mûrier rouge sang !)

Le coeur de la forêt n'était pas le plus bel endroit, ressemblant au contraire à un ossuaire !
Du bois mort surgissait la vie ... L'enfant venait de comprendre le cycle de la nature depuis l'origine du temps mais il comprenait aussi le présent et discernait au travers des arbres le futur encore obscur ... Ce coeur qui battait encore, alors que la forêt mourrait, exploitée par le profit des papetiers, le gaspillage des bureaucrates et non plus soignée, entretenue avec soin,  par amour comme le faisait le bûcheron du village qu'il se dépêcha de rejoindre la nuit tombant ...




Le coeur de la forêt battait de même dans celui de la vieille dame aux vaines superstitions, la sève de la forêt coulait dans les veines de Sylvida ... Le coeur de cet enfant battra toute sa vie pour la forêt qu'il défendra avec amour et militantisme ... Le coeur de la  forêt continuera toujours d'inspirer mes rêves ...  Et pour vous, que représente  ce coeur, que fera-t-il ?

A ma Loulou qui a décoré Sylvida et rêvé avec moi. Lui faisant remarquer que nous étions un peu fou de faire cela, perdus au coeur de la forêt, elle me répondit - " Non Papa, créatifs ".

dimanche 14 novembre 2010

Le combat d'une feuille, combat d'une vie ...

Avez-vous déjà observé l'envol des feuilles mortes, semblable au vol lourd d'un papillon de nuit, au vol saccadé d'une chauve souris, comme celle dormant derrière un des volets de ma maison ?

Épris de liberté, j'aime regarder les feuilles jouer avec  le vent ...
Il en restait une, au jardin, fermement décidée de ne pas quitter son arbre...




 Cette feuille s'attachait, se cramponnait de toute ses forces à son arbre de vie, là où ses ancêtres avaient vécu , étaient mort, anonymement le plus souvent, glorieusement un certain 11 novembre 1918,  recouvrant alors comme des larmes les armes et les tombes des combattants, comme les pleurs qui coulèrent des joues de leurs mères ...  (Ceci est ma reconnaissance aux enfants de la Nation morts pour la Liberté)
Cet arbre était en quelque sorte son arbre généalogique ...

Notre feuille trouvait la vie trop courte, rêvait d'immortalité et d'avoir les honneurs de figurer dans un herbier, suprême Panthéon à ses yeux ...

Cette feuille, à l'instar de l'Homme, était libre, certes, réellement libre mais selon l'omniscience, l'omnipotence de la Nature.

Elle décida de rester la dernière mais ne pu vaincre le Destin qu'elle accepta librement et s'envola ...



Elle se posa, là encore, où elle voulut .... Ce n'était pas la chute brutale d'un héros terrassé par un dieu aveugle, ou la chute de l'orgueilleux Icare ... Non, c'était le bel envol d'une feuille heureuse de vivre, reconnaissante d'avoir connu la Liberté dans un si beau cadre de vie, le bel envol d'une âme ...


P.S. Ses soeurs décidèrent de former un écrin protecteur à la dernière fougère arrivée au jardin ...

Dryopteris dilatata Lepidota Crispa Cristata

Confidence : ces feuilles sont des mobiles confectionnés et attachés aux branches pour prolonger le jeu des feuilles dans le vent ...

vendredi 12 novembre 2010

Trahi par l'automne ? Chap. II

Suite ...


Je reste fidèle au thème de mon blog : partager le regard que je pose sur mon jardin et la rêverie qu'il inspire mais peut-être avez vous l'impression que je sors de mon jardin oubliant de présenter les végétaux, les jeunes collections de plantes qui le composent, ne les citant que brièvement ...

Patientons le temps de leurs enracinement, croissance et harmonie ! Il est vrai que mon exigence de scènes presque parfaites et la vision adulte attendue de mon jardin censurent de nombreux clichés mais permettent, dans cette attente, aux rêves de naître ...

Les frustrations des premières années, altérant souvent la joie de la création, détournent mon regard des massifs chétifs, permettant ainsi, d'admirer depuis mon jardin, au loin, le Léman, comme au travers d'une fenêtre dont le rideau s'ouvre entièrement dès l'automne, les arbres dépouillés agrandissant alors le cadre de vision ; quand je ne descends pas sur son rivage, le contempler, rêver , m'asseoir sur un rocher, écouter ce qu'il me dit  ...  Ainsi, je puis, sans aucune digression, vous parler, depuis le banc du jardin, depuis ce blog, de mon attachement au Lac Léman.


Illusion de se tenir face à la mer  ...

Cette admiration est profonde ... comme celle que portait l'écrivain Anna de Noailles, aussi me suis-je rendu auprès de l'endroit où elle a vécu (cf chapitre précédant). Un monument votif a été élevé, portant l'épitaphe suivant, par lequel Anna transmet sa passion pour " son " lac :

ÉTRANGER QUI VIENDRAS LORSQUE JE SERAI MORTE
CONTEMPLER MON LAC GENEVOIS
LAISSE QUE MA FERVEUR DES A PRÉSENT T EXHORTE
A BIEN AIMER CE QUE TU VOIS




C'est ainsi que, gagné par cette ferveur, j'ai complété la rubrique Profil de ce blog, me décrivant en ces mots :

MON ESPRIT EST AU LÉMAN, AUX  FOUGÈRES,
COMME MON COEUR EST A MA FAMILLE
ET MON ÂME A DIEU ...

Anna aimait tant le lac que son coeur est enterré non loin, son corps reposant à Paris ...

Je vous invite à visiter un blog qui lui est dédié pour d'autres photographies et informations :

mardi 9 novembre 2010

Trahi par l'automne ? Chap. I

Pour sa douceur, j'aimais l'automne comme un ami;
Après tant de bonheur, il est à présent froid.
Souvent venteux, pluvieux, neigeux et ennuyeux ...
Mon coeur est désireux de fuir vers d'autres cieux.
Pluie ou larmes sur les joues, ma nymphe est en émoi,
Trahison, abandon, profonds sermons de vie ...


Mélancolique, triste de ce brusque départ avant l'heure, j'admire sans lassitude le lac aux gris reflets sans cesse changeant, sur la grève, là où se rendait, bien avant moi, la belle poétesse et comtesse Anna-Élisabeth de Noailles, née princesse Bibesco Bassaraba de Brancovan, si attachée au lac Léman .



Ce lac,  pour lequel  je partage le même attachement que pour mon modeste jardin encore en gestation, en cours de création, aux massifs toujours rebelles pour lesquels il me faut poursuivre l'éducation et arracher l'ivraie, inspirera toujours mes rêves, enchantera toujours mes yeux, sera  l'amer de mes voyages intérieurs  ...

Quel est ce lien m'unissant à lui ?  Je ne sais ...  Serait-ce la beauté de ses reflets, l'espace de liberté qu'il représente ?  

" Mon esprit est au Léman, aux fougères, comme mon coeur est à ma famille et mon âme à Dieu " ...  Peut-être ai-je enfin imaginé l'épitaphe me décrivant, ou simplement ma devise, depuis le monument votif de la romancière face au lac !

La rive opposée est invisible en cet fin d' après-midi, cachée par les nuages, donnant l'illusion de se tenir face à la mer ...

Le ciel, traversé de gris cumulus congestus s'attardant au dessus des montagnes qu' ils grandissent , leurs écharpes flottantes de laines claires imitant la neige, semble être, à son tour,  un miroir, prolongeant ainsi le lac.  Les nuages, prenant les teintes de la roche et de la neige deviennent montagnes ! L'illusion est complète mais ne dure malheureusement que le temps de l'écriture de cette phrase, sans que je puisse saisir ce tableau sur la pellicule de mon appareil photographique.

Le ciel est lac, le lac devient ciel, revanche et vengeance ...

Le ciel s'assombrit, je regagne alors mon jardin par les nants escarpés. Quel plaisir vais-je encore trouver à ses côtés ? J'ai tenté de toutes mes forces de retenir l'automne,  je me suis accroché à la beauté de ses feuilles, à la fugacité de ses spectacles ...

En vain car il part ...  Il me faut , de même, à présent, laisser lentement partir mon jardin , le laisser glisser dans un engourdissement précédant le repos hivernal.  Je serai le gardien de son sommeil,  je ne le visiterai plus que pour m'enquérir de sa tranquillité, de la nourriture des écureuils, passereaux et chevreuils quand la neige descendra bas, très bas ; hélas ces derniers se font rare tant la ville étend son ombre, son emprise et ses dangers ...

L'automne, parti depuis le jardin sur une simple coque de noix, une jolie feuille pour voile, poussé par Borée et Zéphir , chevauchant les nuages vers les terres australes, reviendra de ce long voyage autour du monde me rendre visite ...  J'en ai la certitude ...

                                              
A suivre ...

jeudi 4 novembre 2010

Land Art au jardin, éphémère beauté automnale ...

Alors que je me promenais ce matin, le soleil vint , de même, visiter le jardin. Tout était calme, au point que notre discussion était à peine dérangée par la chute des feuilles, planant avec plus de douceur qu'à l'accoutumée.
Hélas, me disait-il, le cours des choses m'oblige à modifier ma course, devant tracer  la voie aux oiseaux migrateurs, éclairer des jardins sous d'autres cieux ... Je serai toujours présent mais plus lointain, je ne ferai que passer  ...
Cette quasi absence me sera difficile ... Je ne pourrai jardiner que le week-end quand la nuit tombera alors même que je serai encore au travail mais les joies de l'Avent commenceront , puis Noël ...

Je profitais de cette rencontre matinale et m'attardais, le paysage semblait exceptionnel ...  les couleurs automnales avaient encore changé, les feuilles étaient devenues terre, sang , or ...  Les coloris étant à l'apogée, au paroxysme de leur beauté , tant ces feuilles gorgeaient leurs veines des dernières sèves ; les joues rouges tant elles emplissaient leurs poumons de brise, retenaient leurs souffles pour s'envoler  loin  et mourir ...


Puis il se produisit un évènement magique, irréel, surnaturel ... Je me promenais en rêve, comme dans le parc d'un château ...  Les feuilles mortes s'agitaient derière moi, s'assemblaient, créaient une broderie, un labyrinthe de buis, euh ... , pardon,  de feuilles, digne d'un jardin de la lignée d'André Le Nôtre. 

Ce parterre était splendide, si grand que je ne puis vous présenter une vue d'ensemble ...


Entrelacs et arabesques

Promis, en souvenir de ce miracle, je réaliserai la même broderie en buis cette fois-ci ...

Je continuai ma promenade, les yeux embués de bonheur ... La rose Reine des Neiges (Lambert 1901 ), d'une blancheur ourlée de fraîcheur faisait écho aux sommets enneigés, tandis que le feuillage du rosier Souvenir de Philémon Cochet (Cochet 1899), tous deux plantés l'automne dernier, prenait un admirable teint vieil or..

Rose Reine des neiges,
arrière plan feuillage du rosier Souvenir de Philémon Cochet

Dans la clarté de l'aube, la floraison tardive de l'hydrangea macrophylla Domotoi ou Sekkayae semblait nue au sortir de la nuit ...



Je terminais ma promenade par le sanctuaire de mon jardin, en cours d'aménagement ...  D'ordinaire, je ne montre pas les plantations, trop petites pour être belles mais ceci est une récompense pour le lecteur patient qui aura suivi ma ballade onirique jusqu'à cet endroit que je considère un peu comme le nombril du monde, non celui de mon jardin simplement , par lequel je me dévoile quelque peu !


Le fidèle empruntera de vieilles marches en pierre recouvertes de lierre, se frayant entre les fougères pour se diriger vers un pot vu comme un monument, surmonté d'un obélisque sur lequel grimpera un clematis orientalis. Puis dans une décenie, allusion aux chiffres romains ci-dessous, il courbera  légèrement la tête sous un corylopsis  sinensis et un cornus officinalis devenus adultes, le tout agrémenté de diverses plantes de sous bois originaires également de Chine ...

Restera aussi à peindre la révélation suivante, secret entre vous et moi  :