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samedi 30 avril 2011

Narcissus poeticus, ch. 2 La tombe de Narcisse


J'ai du cueillir un narcisse pour la réalisation du cliché du précédent billet ; le reflet de cette fleur sur l'eau en souvenir de la mythologie apprise lors de mes études de grec ancien. 

La base de la tige mise en vase a créée des volutes me faisant penser à l'architecture ionique. En effet, cet art se caractérise par des volutes, de  par et d'autre du chapiteau des colonnes.  

Colonne ionique
Colonne ionique (photo internet)













Les volutes représenteraient les boucles des cheveux coiffés de chaque côté d'un visage féminin selon la mode. L'ordre ionique aurait été inventé lors de la construction d'un temple dédié à Diane.

Mon interprétation diffère quelque peu, je ne vois qu'une ressemblance entre cette tige et le fût de cette colonne !

Si je vivais au XVIIIe siècle, je construirai au fond de mon jardin une folie en honneur à Narcisse, soutenue par des colonnes ioniques ...





J'admire l'architecture mais je contemple d'autant plus la Nature et ses magnifiques volutes ...

mardi 26 avril 2011

Narcissus poeticus, le narcisse des poètes ...

J'ai rencontré près du baquet en zinc, dans l'herbe sauvage de ma pelouse aux allures de prés, une curieuse famille de canard. La canne coiffée d'un fichu ricanait se dandinant, suivie de ses deux petits vêtus d'une barboteuse jaune canari. Vous trouverez leur photo dans le précédent billet.
Cette canne , un tantinet fin bec, dédaigna cette barbotière, me parlant d'une source en la forêt lointaine d'un antique royaume à la pureté exceptionnelle ;  aucun animal ne s'étant encore abreuvé, aucun canard  barbotté, aucune feuille automnale ayant effleuré cette onde cristalline ...

Il n'en fallait pas plus pour susciter ma curiosité. Pourrais-je découvrir plus bel endroit que mon bain de Diane ?

Nous arrivâmes enfin en cette forêt profonde, mystérieuse et je reconnus la source décrite par le poète latin Ovide dans les Métamorphoses, grand classique étudié au lycée. "  Près de là une fontaine limpide roulait ses flots argentés : jamais les bergers ni les chèvres, venant de paître sur les montagnes, ni toute autre espèce de troupeaux ne s'y étaient désaltérés : jamais oiseau, ni bête sauvage, ni feuille tombée des arbres n'avait troublé sa pureté. Bordée d'un gazon que l'humidité du lieu entretenait toujours vert, l'ombre des arbres défendait la fraîcheur de ses ondes contre les feux du soleil ".

Cette source est tristement célèbre car ce passage des Métamorphoses relate l'histoire de Narcisse, ce beau jeune homme grec éperdument amoureux de son image ...

La localisation précise de cet endroit s'est perdue et voilà que cette canne venait de m'y transporter ! Je faillis tituber à l'idée d'être le seul mortel à me tenir à l'endroit où Narcisse mourut ... Certes était-il fier, refusant l'amour en quête de sa soeur jumelle disparue ou de lui-même, mais si les dieux ne s'étaient mêlés de son destin, préférant l'honneur de la muse Echo , Narcisse ne se serait pas laissé mourir , épris de son image ...


Narcisse trépassé, ses soeurs le pleurèrent, préparèrent ses funérailles mais " on ne trouva à sa place qu'une fleur jaune, couronnée de feuilles blanches au milieu de sa tige ". Le narcisse, en effet, aime les endroits frais, sa fleur est toujours penchée ...

Narkissos est l'une des fleurs printanières que je préfère, avant tout pour son qualificatif  " des poètes " - par distinction aux autres narcisses, celui-là est le narcisse de la fable, des poètes  -  son parfum mais surtout  l'évocation des bois et prairies que je recherche au travers de mon jardin  ...




Le talent d'Ovide me captive, certes, mais le jardin devient un récit de fable grand ouvert par le nom des fleurs issus de la mythologie ...

Reflet ou double ?


Bel et fier Narcisse,
Martyre de ce divin caprice ...

Dans ton désarroi, solitaire,
Tu as, dès lors, de nombreux frères ...

Ta voix est parfum,
Trouves ton Echo en mon jardin ...


A Narcisse,
Adiante

samedi 23 avril 2011

Révélation ...

J'aimais les vases Médicis, les coupes Chambord mais sans savoir pourquoi, probablement le goût des ornements des jardins anciens  ...

Non,  je viens de découvrir l'origine inconsciente de cet attrait : les volutes des anses représentent des crosses de fougères se déroulant !


Il est vrai que j'admire chaque jour ce spectacle, contemplant le mystère de la spira mirabilis, spirale parfaite, invariable, comme celle du mollusque nautilus existant depuis 400 millions d'années ; nous somme plongés en plein Dévonien, les fougères apparaissent , 410 millions d'années se sont écoulées ...

Cette spirale équiangulaire ou logarithmique est reproduite ci-dessous. Vous comprendrez à l'observation de cette figure qu'il était préférable que je m'oriente vers des études littéraires ! J'entends encore le professeur soupirer " Adiante, vous utilisez un balai  ou un compas ! " ...




La  spirale se forme lors de la croissance de la fronde. L'enroulement se produit quand la face extérieure , le rachis, croit plus vite que la surface interne.  La crosse se déroule lorsque les pinnules de la surface interne commencent à s’allonger.

Qui m'aurait prédit que la botanique me réconcilierait à la géométrie ? Non, j'en suis encore loin car je préfère la rêverie ...

Regardez cette crosse de fougère aigle sortant de terre le dos rond, se levant d'une profonde révérence au printemps créateur !

Pteridium aquilinum, fougère aigle

Les scolopendres se déroulent comme des serpentins de fête ...

Phyllitis scolopendrium



Pâque symbolise la victoire de la vie, le triomphe du Christ innocent, sur la mort ... Les scènes au jardin de fleurs blanches, d'inspiration naturelle, m'aident dans une démarche de réflexion au sujet de cette Révélation ... Non la révélation artistique  d'une volute, la révélation du nombre d'or des mathématiciens ou de la franc-maçonnerie  pour qui la spirale d'or serait la route évolutive de l'humanité, mais simplement la Révélation de la Foi chrétienne.

Aspérule odorante et Matteucia struthiopteris
ou fougère d'Allemagne


Aegopodium podagraria variegata et tulipe viridiflora Spring green


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Sans transition ...


Miam, la bonne pâte d'amande ...


Joyeuses Pâques à tous mes lecteurs  !!!!


lundi 18 avril 2011

Promenade vespérale au jardin ...

L'observation de la faune requière le calme, il en est de même de la découverte de la flore ! Un calme intérieur facilitera la communion avec la nature, la contemplation des formes et des couleurs suscitera l'émerveillement devant la divine création ...

Le matin, principalement le week-end, j'aime me promener au jardin comme si je me rendais prier dans une petite chapelle, la nature que j'admire élève mon âme ...

Le soir, en semaine, je me promène , décompressant ainsi de mon activité professionnelle, puisant de nouvelles forces pour une heure de bricolage ou de désherbage !

Je vous invite à me suivre en cette belle soirée et découvrir de nouvelles naissances chez les fougères, faisant suite au billet Nuit théâtrale , les frondes de l'osmonde royale tissées de soie cherchaient entre-elles un reste de douceur maternelle, rappelez-vous ...

Penchez-vous vers le berceau des fougères, retenez votre souffle, admirez les naissances de ces frondes ressemblantes et pourtant toutes différentes, comme vous et moi  ...

Certains bébés ont la peau noire, la chevelure épaisse ...

Dryopteris atrata


D'autres, la peau rose, la chevelure châtain clair ...


Dryopteris erythrosora


Et notre petit homme s'émerveillera peut être un jour devant les fougères !


Bienvenue Nelson dans le monde fabuleux des fougères ...

Le soir, la lumière sublime les formes des frondes, les découpes des pinnules, la structure des fleurs comme leurs couleurs. Les jacinthes des bois, diffusent leurs fragrances comme celles des tulipa sylvestris ,  exhalant à maturité un parfum incroyablement suave, précision rajoutée au précédent billet.

Les jacinthes des bois ne poussent pas dans les sous-bois de mes montagnes, je les aime tant pour le spectacle qu'elles procurent que je tente d'en acclimater au jardin ...

Hyacinthoides non scripta

Nuance de bleu, de parme au soleil couchant


la lumière rasante embellit par ailleurs le spathe de l'arum maculatum comme un ciel de lit, chambre nuptiale du spadice, fleur unisexuée du gouet tacheté.

Arum maculatum

Cette plante sauvage qui était au jardin avant que je n'arrive mérite un article à elle seule par le mode de reproduction de sa chambre florale ...

Ainsi mes promenades me font oublier l'aménagement récent de mon jardin ; les plantes sont source d'émerveillement tant la Nature est belle, admirable, parfaite ... Le jardin devient rêverie ... Bonne nuit.

samedi 16 avril 2011

Tulipa Sylvestris , quand le qualificatif botanique me subjugue ...

Je poursuis un idéal au travers de l'aménagement de mon jardin : la quête du naturel mais je suis loin, si loin de l'atteindre ...

Je recherche l'effet que produit la nature sur mon être, sentiment de liberté, de rêverie, repos de l'âme, oubli de tout ou presque ... 

Ainsi le qualificatif " botanique " associé aux plantes non hybridées par l'homme,  poussant à l'état naturel, sonne t-il comme un cristal. Ce mot incantatoire, magique, me permet de traverser le jardin comme un miroir, apercevant la Nature au travers de mon jardin, rejoignant prairie et bois,  enfin d'imaginer car les plantations sont récentes ...

Cet épithète hypnose, me subjugue, m'enivre de rêve ...

Si je pouvais échanger pivoines et rosiers anciens contre des variétés botaniques me ferait gagner un grade initiatique car la place manque sur la voie de cette nouvelle révélation !


J'ai ainsi commencé à remplacer mes tulipes par des variétés botaniques et tulipa sylvestris, la tulipe des bois, est mon coup de foudre, loin de ses cousines hybridées, maquillées, sophistiquées.


Tulipa sylvestris, aux longues feuilles paresseuses,
cacardent comme de jeunes oisons ... 


Espèce protégée, cette tulipe qui était commune se trouve auprès de producteurs de bulbes spécialisés. Le bouton penché , ovoïde, me faisant penser au jeune oison se relève à l'épanouissement.
 
 




Cette tulipe très parfumée à maturité , préférant les sols frais mais drainé, la mi-ombre est associée à différents epimedium à floraison jaune.




Non loin, poussent un petit groupe d'érythronium aux fleurs en forme de pagode, au joli feuillage marbré, hélas souvent mangé par les gastéropodes.


Erythronium
 


Ces plantes poussant dans l'herbe folle apportent un côté boisé contrastant avec le classicisme de la topiaire médicis, remplie cependant de mousse et agrémentée d'un lierre.

Les plates bandes du jardin,  entourées de buis pour certaines, sont couvertes selon les saisons de myosotis et autres " mauvaises  bonnes herbes ", n'en déplaise aux puristes. Fleurit ainsi, dans l'une d'entre-elles, aux pieds des rosiers, la tulipe botanique Bakeri lilac wonder, pure merveille également.





 
D'autres variétés présentes au jardin fleuriront les billets des prochains printemps !

dimanche 10 avril 2011

Spira mirabilis

spira mirabilis

La fougère, végétal immémorial , eu enfin la gloire qu'elle méritait   au XIXème siècle avec la fondation de prestigieuses académies, telle la British Pteridilogical Society en 1891. Un nombre incalculable de siècle s'était écoulé car les   filicophytes  seraient apparus à l'ère primaire !

Qu'ils eussent préexisté à l'apparition des dinosaures me laissent songeur aussi je les observe tentant de percer leurs secrets.

Ah ! J'aimerai les étudier en laboratoire, vêtu d'une blouse blanche mais je préfère  les admirer, les respecter , être à l'écoute de leurs inspirations et rêver.

Je me tais quand je vois une fougère, je la regarde intensément, une relation se crée - sorte de salutation - je peux enfin parler, je suis en communion ...

L'emprise des fougères sur mon être ... au point de faire naître cet avatar : Adiante . Bien plus qu'un personnage représentant un utilisateur sur internet, il est le cordon ombilical me reliant au peuple des fougères  ...

Le spectacle des crosses se déroulant est magique, presque mystique, si ce n'est mathématique ! Les frondes sortant du stipe sont comme des phalanges serrées contre la paume et s'ouvriront lentement avec une perfection arithmétique nommée spirale admirable.            
 

Curieuse main, eh oui, vous comptez bien cinq doigts ...


Seul, celui aimant les fougères voit enfin le trésor offert dans le creux de cette divine main une fois ouverte.



Des coeurs parfois se forment  ...


Voici quelques frondes de ma vie, partage d'une passion à suivre ...

lundi 4 avril 2011

Nuit théâtrale


L’extrême douceur de ce dimanche fut suivie à merveille d’une ondée vespérale.


La nuit, venue s’étirer, lourd rideau de velours d’un prestigieux théâtre , se retira tandis que les étoiles s’éteignaient une à une , le soleil entrant en scène, dévoilant soudainement à mes yeux subjugués le décor .

Non pas un décor de théâtre fait de cartons , de bois peints, décor baroque d’or et de pampilles mais le Décor par excellence, celui de la nature simple, pure et théâtrale car, en une nuit, coudriers et charmilles de mon jardin avaient ouvert le bal, déployant éventails, longues robes et gilets de soie …


Hélas, les rêves de la nuit devaient s’achever brutalement … Je quittais la loge princière, ne me retrouvant même pas dans une baignoire sous le dôme de l’opéra , adossé inconfortablement à une colonne ne permettant que d’écouter la pièce sans admirer le jeu des acteurs, non , je me retrouvais sur une chaise en bois avec un arrosoir …



Le décor était bel et bien là, oui belle mise en scène car les feuilles étaient ouvertes transfigurant le jardin.

Assis sur cette chaise aux nonantes printemps, dont la peinture vert anglais défraichie tentait de s'estomper et se tromper, croyant possible de retrouver le vert tendre, vert pistache, anis de son premier printemps, je me remémorais les principales tirades de la scène que voici :



 
 
 
Les hibernacles avaient ouverts leurs coeurs ... L'enveloppe externe, coriace, lisse pour laisser la pluie filer, ne pouvait présager un intérieur aussi duveteux , véritable protection contre le froid, huilé par ailleurs de résine qui s'écoulait.
 
Que dire des feuilles pliées en éventail à chaque nervure !
 
Quel spectacle ! La Nature est si belle , si bien conçue !
 
Les feuilles sont duveteuses comme tissées de soie, de fil de lumière, de fil de Nature tout simplement ...
 
Je ne peux l'expliquer autrement car la Nature prépara ces naissances de nuit dans le plus grand secret, nous invitant à l'admiration, à l'émerveillement dans un premier temps avant que le rationalisme ne veuille tout expliquer et nous priver de quelques rêves ...
 
 
Je ne peux résister à la parution de ce faire part de naissance : l'apparition,  de même, en une nuit, des frondes de l'osmonde royale.

Naissance des frondes de l'osmonde royale
 
 
Elles sont véritablement tissées de duvet, semblant prématurées, recherchant la douceur d'un contact entre-elles. Leur oeil vous regarde, elles sont mystérieuses ...
 

véritablement tissée ...
 
 
Je vous inviterai dans un prochain billet à suivre la naissance d'autres fougères.

vendredi 1 avril 2011

La beauté ne saurait rassurer mon inquiétude ...


La pluie fine met fin à la floraison des crocus et perce neige mais éveille et réveille la végétation aussi lui pardonnons nous la rapide déchéance et décadence de quelques bulbes printaniers ...

L'anémone blanda se détend à présent au soleil et sera suivi du muscari,  se plaisant lui aussi en sol sec, formant tout deux de beaux tapis sous un pin.




Le brunnera macrophylla ou myosotis du Caucase que j'aime pour la tendresse de ses étoiles supporte de même les emplacements secs comme son voisin le trachystemon orientale associés pour leurs ressemblances.


Brunnera macrophylla, subtile harmonie de rose et bleu myosotis !

Mais ces belles floraisons ne rassurent pas le jardinier inquiet que je suis …

Les promenades journalières au jardin sont parfois angoissantes, errant de massifs en mixed border, de plates-bandes en parterres, de carrés en fourrés, de pas japonais en pas de loups,   à la recherche d’un signe de reprise ; la rougeur sur la tige du rosier saillant légèrement devenant œil puis bourgeon, le turion sortant enfin de terre, l’hibernacle décidé à quitter son hibernation ….


Bel hibernacle ou bourgeon d'hiver


Cette inquiétude d’avoir perdu au cours de l’hiver une plante aimée me fait zigzaguer chaque jour auprès des plus gélives, déshabillant les manteaux de feuilles mortes, me penchant sur leur sein, effleurant leur peau ; hélas me faudra-t-il encore attendre pour celle-ci … Déçu, je me relève alors lentement …

Le réveil de chaque plante est ainsi vécu comme un moment d’émotion où je mesure la fragilité de la vie mais aussi sa victoire …

Chaque jour, le développement spectaculaire de la nature est source d’émerveillement ...