L’extrême douceur de ce dimanche fut suivie à merveille d’une ondée vespérale.
La nuit, venue s’étirer, lourd rideau de velours d’un prestigieux théâtre , se retira tandis que les étoiles s’éteignaient une à une , le soleil entrant en scène, dévoilant soudainement à mes yeux subjugués le décor .
Non pas un décor de théâtre fait de cartons , de bois peints, décor baroque d’or et de pampilles mais le Décor par excellence, celui de la nature simple, pure et théâtrale car, en une nuit, coudriers et charmilles de mon jardin avaient ouvert le bal, déployant éventails, longues robes et gilets de soie …
Hélas, les rêves de la nuit devaient s’achever brutalement … Je quittais la loge princière, ne me retrouvant même pas dans une baignoire sous le dôme de l’opéra , adossé inconfortablement à une colonne ne permettant que d’écouter la pièce sans admirer le jeu des acteurs, non , je me retrouvais sur une chaise en bois avec un arrosoir …
Le décor était bel et bien là, oui belle mise en scène car les feuilles étaient ouvertes transfigurant le jardin.
Assis sur cette chaise aux nonantes printemps, dont la peinture vert anglais défraichie tentait de s'estomper et se tromper, croyant possible de retrouver le vert tendre, vert pistache, anis de son premier printemps, je me remémorais les principales tirades de la scène que voici :
Les hibernacles avaient ouverts leurs coeurs ... L'enveloppe externe, coriace, lisse pour laisser la pluie filer, ne pouvait présager un intérieur aussi duveteux , véritable protection contre le froid, huilé par ailleurs de résine qui s'écoulait.
Que dire des feuilles pliées en éventail à chaque nervure !
Quel spectacle ! La Nature est si belle , si bien conçue !
Les feuilles sont duveteuses comme tissées de soie, de fil de lumière, de fil de Nature tout simplement ...
Je ne peux l'expliquer autrement car la Nature prépara ces naissances de nuit dans le plus grand secret, nous invitant à l'admiration, à l'émerveillement dans un premier temps avant que le rationalisme ne veuille tout expliquer et nous priver de quelques rêves ...
Je ne peux résister à la parution de ce faire part de naissance : l'apparition, de même, en une nuit, des frondes de l'osmonde royale.
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Naissance des frondes de l'osmonde royale |
Elles sont véritablement tissées de duvet, semblant prématurées, recherchant la douceur d'un contact entre-elles. Leur oeil vous regarde, elles sont mystérieuses ...
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véritablement tissée ... |
Je vous inviterai dans un prochain billet à suivre la naissance d'autres fougères.